Le leurre funeste

Qu’une Maison universelle de justice faite de main d’homme, évidemment faillible, sans Gardien et donc illégitime et illicitement formée, imposée au monde Bahá’í par les anciennes Mains de la Cause, suite au trépas de Shoghi Effendi en 1957, qui avaient infidèlement conclu que le gardiennat aurait pris fin et qui alors, au lieu des institutions jumelles décrites par `Abdu’l-Bahá en Son divinement conçu, sacré et immortel Testament, ont substitué ce corps esseulé et décapité de leur propre fabrication et, nonobstant son évidente incomplétude, sa difformité acéphale et son usurpation éhontée de fonctions clairement contraires aux stipulations du mandat sacré de `Abdu’l-Bahá, se trompe lourdement en croyant qu’elle serait capable de réussir à établir l’ordre mondial de Bahá’u’lláh—le royaume de Dieu «sur la terre comme au ciel» si longtemps prié, supplié et attendu.

Ces dites Mains, avec une seule notable exception, ainsi que les croyants actuels qui les suivirent aveuglément en cette illusion décrite ci haut, ignorent manifestement, que ce soit délibéré ou non, les passages suivants du Testament de `Abdu’l-Bahá:

«Le corps législatif doit renforcer l’exécutif, l’exécutif doit aider et assister le corps législatif afin que, grâce à l’union et à l’harmonie de ces deux forces, les bases de la justice et de l’équité puissent devenir solides et stables, et que toutes les régions de la terre soient semblables au Paradis lui-même.»

`Abdu’l-Bahá —l’«Architecte accompli» de l’ordre administratif Bahá’í —a en plein accord avec le principe qu’Il a Lui-même énoncé ci haut, pourvu une claire séparation de pouvoirs en établissant les institutions jumelles du gardiennat et de la Maison universelle de justice sous les termes de Son Testament où le «Gardien de la cause de Dieu» en tant que le «centre de la cause,» exerce des pouvoirs exécutifs dans la Foi, tandis que la Maison universelle de justice, en tant que l’organe législatif suprême, n’exerce uniquement que des pouvoirs législatifs. Cependant, comme `Abdu’l-Bahá a doté les Gardiens de la Foi du droit exclusif d’interpréter les écrits saints Bahá’ís, Il leur assigna un double rôle en tant que l’irremplaçable «tête sacré et membre distingué à vie» de ce corps législatif suprême. En cette capacité, comme Shoghi Effendi l’a souligné avec emphase, ils sont tenus d’insister auprès d’eux (la Maison universelle de justice) pour qu’il soit procédé à un nouvel examen de toute loi qu’en son âme et conscience il considère être en désaccord avec la signification des paroles de Bahá’u’lláh ou diverge de leur esprit.»

Les Mains, en leur lâche abandon du gardiennat, oublièrent ou choisirent d’ignorer les écrits explicites de Shoghi Effendi dans La Dispensation de Bahá’u’lláh, dans lesquel il discute du rapport entre ces «institutions jumelles» du gardiennat et de la Maison universelle de justice, et où il souligne d’ailleurs que: «Aucune de ces deux institutions ne peut, ni ne voudra jamais empiéter sur le domaine sacré et prescrit de l’autre» et renforcit ce fait en affirmant: «Elles ne chercheront pas non plus à amoindrir l’autorité spécifique et certaine dont chacune a été divinement investie.»

Chez les laïques, la fausseté d’établir une seule institution qui combinerait à la fois les fonctions exécutives et législatives, comme les Mains mirent sur place au moyen de leur soi-disant Maison universelle de justice, sans Gardien et dépourvue de toute légitimité, cette fausseté a été bien reconnue et conséquemment les constitutions nationales de tout pays démocratique et de toute monarchie constitutionnelle dans le monde ont invariablement pourvu d’autorités séparées exécutives et législatives au plus haut niveau (même la plupart, sinon la totalité des dictatures, ont aussi établi un corps législatif sous une certaine forme, quoique avec des pouvoirs limités).

Tout Bahá’í s’approfondissant dans les écrits de Shoghi Effendi notera que dans La Dispensation de Bahá’u’lláh il se réfère au Testament de `Abdu’l-Bahá en tant que «l’Enfant du Covenantl’héritier de Celui qui fut à la fois l’Auteur et l’Interprète de la Loi de Dieu» et, vu cette relation spirituelle, ce Document sacré et divinement conçu doit être regardé non seulement comme le Testament de `Abdu’l-Bahá mais aussi celui de Bahá’u’lláh lui-même, et devrait être, comme Shoghi Effendi l’a souligné, clairement estimé comme «leur Testament.» Pourquoi un tel Document divinement conçu deviendrait nul et non avenu seulement trente-six années après la naissance de l’ordre administratif dont il est lui-même issue?

En outre, Shoghi Effendi a mis sur un pied d’égalité le Testament de `Abdu’l-Bahá, en ce qui concerne son caractère sacré et son immuabilité, avec le Livre le plus saint de Bahá’u’lláh, le Kitáb-i-Aqdas, en affirmant solennellement que ces deux «documents sacrés . . . non seulement sont complémentaires» mais «se confirment mutuellement et sont les parties inséparables d’un seul et même tout.» Considérant cet énoncé, il doit être limpide comme du cristal que les dispositions du Testament de `Abdu’l-Bahá sont aussi immuables et inviolées que les lois mêmes de Bahá’u’lláh contenues dans le Kitáb-i-Aqdas, et sont donc destinées à durer et rester inchangées aussi longtemps que la Dispensation de Bahá’u’lláh restera en vigueur. D’ailleurs, Shoghi Effendi a constamment et continuellement mis l’emphase dans ses écrits sur l’essentialité et l’indispensabilité de l’institution du gardiennat pour l’établissement de l’ordre mondial de Bahá’u’lláh.

À la lumière du caractère à la fois sacré et immuable du Testament de `Abdu’l-Bahá, comme le fait ressortir Shoghi Effendi dans les énoncés cités précédemment, il est incompréhensible que les Mains de la Cause, le dernier contingent ayant été nommé par Shoghi Effendi dans le tout dernier télégramme qu’il envoya au monde Bahá’í en octobre 1957, auraient non seulement complètement ignoré ces textes lors des conclaves tenus à `Akká, suite au trépas de Shoghi Effendi à Londres, en Angleterre le 4 novembre 1957, mais ont aussi exhibé leur épouvantable et inexcusable ignorance des dispositions du Testament de `Abdu’l-Bahá. Car, si elles s’étaient remémoré ces immuables dispositions, elles se seraient demandé pour quelle raison trouveraient-elles nécessaire de réunir un conclave nullement prévu dans ce Document et pourquoi se rassembleraient-elles à `Akká, quelque deux semaines suivant son trépas dans le but de déterminer qui Shoghi Effendi a désigné comme son successeur, alors que le Testament de `Abdu’l-Bahá affirme qu’il «incombe» au Gardien de «désigner, de son vivant, celui qui deviendra son successeur, afin qu’après sa disparition, des différends ne puissent survenir» assurant ainsi que l’identité de son successeur doit clairement être indiquée au monde Bahá’í avant son décès et non après dans un document testamentaire. Si, en effet, cette question avait le moindrement traversé l’esprit des Mains, elles auraient alors certainement réalisé que celles-ci et le monde Bahá’í en général, avaient indubitablement échappé certains actes, décisions ou affirmations que Shoghi Effendi énonça durant son ministère dans lesquels il identifia son successeur et dont l’identité, si elle avait été reconnue à l’époque, aurait prévenu la réunion superflue, inutile et illégitime qu’elles organisèrent malencontreusement. Certes, elles n’auraient alors entretenu aucun doute que Shoghi Effendi avait bel et bien suivi les dispositions du Testament de `Abdu’l-Bahá scrupuleusement et fidèlement et que son successeur promis se tenait au beau milieu d’elles, quoique celui-ci ne fut point encore reconnu (ce qui fut en fait le fait même). Hélas! Aucune de ces questions ne vinrent à l’esprit des Mains comme l’attestent les faits suivants suites aux décisions désastreuses des Mains durant leur funeste conclave à `Akká.

Tragiquement, pour le futur de la Foi, le tout premier acte que posèrent les vingt-six Mains (Corinne True étant absente), dès le début de leur illégitime conclave, fut de déléguer un groupe de neuf de leur collègues à fouiller dans les filières de Shoghi Effendi d’un éventuel testament qui nommerait son successeur, ce qu’elles naturellement ne trouvèrent point. Selon le journal personnel de Mason Remey intitulé Observations quotidiennes ses collègues le jour suivant, qui fut en réalité le premier jour dédié à la consultation, mais avant même que toute consultation n’ait le moindrement lieu, le docteur Muhajir, tout de go, proposa incroyablement que, comme Shoghi Effendi n’avait pas laissé de testament, le gardiennat devrait être déclaré badah, un terme persan signifiant que Dieu aurait changé d’idée à propos de la continuité du gardiennat) et que l’institution du gardiennat devrait être évacuée sans attendre. Cette proposition insensée dès le tout début du conclave fut étonnamment illico endossée par Rúhiyyih Khánum, la veuve de Shoghi Effendi, (dont les écrits avaient pourtant mis l’emphase sur l’absolue nécessité et indispensabilité de l’institution du gardiennat), tout comme les neuf autres Mains perses et fut subséquemment soutenue par les seize Mains restantes (Mason Remey qui n’éleva alors point d’objection, seulement dans le but de préserver l’unité et en ce but seulement signa la proclamation des Mains, comme son journal l’explique amplement).1

Ainsi, dans la proclamation que les Mains envoyèrent au monde Bahá’í à la fin de leur conclave du 25 novembre 1957, elles «certifièrent que Shoghi Effendi ne laissa aucun testament. . . n’avait laissé aucun héritier»: et affirmèrent que «Shoghi Effendi n’avait pu désigner de successeur» car elles raisonnèrent erronément que: «les Aghsáns (branches) étant tous morts ou ayant été déclarés violateurs du Covenant par le Gardien.»

En déclarant que Shoghi Effendi serait incapable de désigner un successeur selon la raison citée plus haut, les Mains révélèrent leur inexcusable ignorance du fait que Shoghi Effendi identifia les Aghsáns uniquement comme les fils de Bahá’u’lláh et donc cette appellation ne s’applique qu’aux frères de `Abdu’l-Bahá et non à la parenté masculine de la lignée de Bahá’u’lláh comme elles le croyèrent bien faussement. Cela étant, l’option que `Abdu’l-Bahá donne la possibilité au Gardien dans Son Testament de «choisir une autre branche pour lui succéder», advenant que son fils aîé ne possèderait point les qualité spirituelles nécessaires, n’est clairement pas une référence par `Abdu’l-Bahá aux Aghsáns, qui avaient trépassé depuis fort longtemps ou bien pendant le ministère de Shoghi Effendi et conséquemment ne furent jamais même disponibles pour considération, encore moins pour possible désignation comme son successeur. La totale fausseté de la prétention faite par les Mains que Shoghi Effendi fut incapable de désigner un successeur car nul Aghsán ne serait resté fidèle au Covenant est encore plus saillée lorsque nous examinons plus attentivement les dispositions du Testament de `Abdu’l-Bahá qui reflètent le fait que les Aghsáns furent éliminés en tant qu’infidèles par `Abdu’l-Bahá juste avant que Son propre ministère ne se termine alors qu’il écrivit la troisième partie de son Testament. Car tandis que `Abdu’l-Bahá, dans la première partie de Son Testament, affirme formellement qu’il «incombe aux membres de la Maison de justice, à tous les Aghsáns (Branches), aux Afnáns (Rameaux) et aux Mains de la Cause de Dieu de montrer obéissance, soumission et subordination au Gardien de la Cause de Dieu,» dans la troisième partie, qui fut écrite par Lui à une date ultérieure, il omet délibérément toute référence aux Aghsáns, lorsqu’Il enjoint fidélité au Gardien de la Cause de Dieu en ces mots: «les Afnáns, les Mains (piliers) de la Cause et les bien-aimés du Seigneur doivent lui obéir et se tourner vers lui.» Il est donc clair comme du cristal que les Aghsáns ne furent jamais dans le décor lorsque Shoghi Effendi faisait de multiples références dans ses écrits et messages à de futurs Gardiens et à l’indéniable existence du gardiennat dans l’avenir, comme nous l’observons, par exemple, dans son message envoyé à la toute fin de son ministère le 27 novembre 1954, dans lequel il informe le monde Bahá’í de l’imminente construction sur le Mont Carmel de la «structure des Archives Bahá’íes internationales, dessinée par la Main de la Cause Mason Remey, président du Conseil international Bahá’í», et dans lequel il affirma que «l’érection de cet édifice annoncera à son tour au cours des successives époques de l’âge de formation de la Foi de plusieurs autres structures qui serviront en tant que les sièges administratifs pour les divinement désignées institutions comme le gardiennat, les Mains de la Cause [qui ne peuvent être nommées que par de futurs Gardiens] et la Maison universelle de justice [dont le Gardien est la tête sacrée, le membre inamovible]» (emphase ajoutée).

Négligentes de ces preuves irréfutables et du fait qu’il n’y avait la moindre indication que Shoghi Effendi ait jamais fait allusion ou même suggéré la possibilité en quelque endroit de ses écrits que le gardiennat pourrait cesser, le contraire étant le cas bien évidemment, les Mains dans leur premier conclave continuèrent, agissant à l’aveugle pour réduire à néant, bien qu’inconsciemment, les magistraux travaux de Shoghi Effendi pendant les ultimes années de son ministère alors qu’il érigeait «enfin» les plus hautes institutions de la Foi au Centre mondial. Si elles avaient seulement pris le temps d’examiner à nouveau au moins quelques-uns de ses messages «historiques» et «faisant époque» au monde Bahá’í durant le crépuscule de sa vie, elles auraient peut-être compris les implications significatives que recèle sa proclamation du 9 janvier 1951 dans laquelle il établit la Maison universelle de justice en sa forme embryonnaire sous le titre provisoire de «Conseil international Bahá’í» et fait référence à cette «décision historique» de former cette «première institution internationale embryonnaire» comme «l’événement le plus significatif dans l’évolution de l’ordre administratif de la Foi de Bahá’u’lláh et que l’histoire proclamera comme l’événement le plus grand, répandant l’éclat sur la deuxième époque de l’âge formatif de la Dispensation Bahá’íe, sans égal dans les entreprises conçues depuis la naissance de l’ordre administratif . . . » Si les Mains avaient pourtant conservé le moindre doute que Shoghi Effendi avait bel et bien, en créant le Conseil international Bahá’í, mis au monde la Maison universelle de justice, quoique dans sa forme embryonnaire, il aurait certainement été balayé si elles avaient continué leur recherche et lu ce message du 30 juin 1952 dans lequel il affirme: «Au Centre mondial de la Foi, où, enfin, le mécanisme de ses institutions les plus importantes a été établi, et autour des Tombeaux les plus sacrés, les organes suprêmes de son ordre en éclosion se déploient dans leur forme embryonnaire.» Elles n’auraient alors point manquer de comprendre que ces institutions les plus importantes et organes suprêmes n’étaient rien d’autre que la Maison universelle de justice et le premier contingent des douze Mains de la Cause (ces deux institutions établies par Shoghi Effendi dans leur forme embryonnaire les 9 janvier et 24 décembre 1951 respectivement). Et si elles s’étaient remémoré que `Abdu’l-Bahá lui-même avait solennellement déclaré que l’embryon possède dès le début toutes les perfections. . . en un mot tous les pouvoirs — mais ils ne sont pas visibles et le deviendront seulement par degrés», elles auraient alors immédiatement réalisé que Shoghi Effendi, en établissant la Maison universelle de justice embryonnaire, n’avait point établi cette institution comme un vulgaire corps incomplet et imparfait sans le Gardien en tant que son «chef sacré», comme l’exige les stipulations du Testament de `Abdu’l-Bahá. Dès lors, ne se seraient-elles point inévitablement demandé pourquoi Shoghi Effendi n’avait jamais assumé la présidence de cette institution lui-même et avait à la place désigné Mason Remey en tant que son président? Il ne pouvait évidemment y avoir deux Gardiens. Á cet instant, n’auraient-elles point perçu que cela était précisément la raison pour laquelle Shoghi Effendi n’avait pas activé ce corps embryonnaire pendant les dernières années de son ministère, comme en témoigne Mason Remey dans son journal, où il écrit que Shoghi Effendi ne lui a pas une seule seconde donné l’instruction de réunir le Conseil sous sa présidence? Leur quête ayant finalement abouti, les Mains ne seraient-elles donc pas venues maintenant à la conclusion que, à moins que Shoghi Effendi ne dépose Mason Remey en tant que son président, l’activation du Conseil devait nécessairement attendre le trépas de Shoghi Effendi? De plus, il appert maintenant que ce n’est que lorsque ce triste mais inévitable événement est advenu qu’il devient possible pour le Conseil d’assumer son légitime rôle comme le corps suprême fonctionnant activement dans le monde Bahá’í. La réalisation choquante supplémentaire aurait alors surgit dans leur esprit que, considérant l’âge avancé de Mason Remey, s’il devait jamais assumer la présidence d’un Conseil international Bahá’í fonctionnant activement, son assomption de cet office ne pouvait être bien éloigné. La seule impensable conclusion qui pouvait être tirée était que Shoghi Effendi avait déjà prévu et prédit, en cette manière indirecte, son propre décès rapproché. Si elles avaient entrepris une revue exhaustive des messages de Shoghi Effendi depuis qu’il avait nommé le Conseil international Bahá’í, elles auraient aussi découvert dans celui du 23 novembre 1951 l’ahurissante information qu’il avait encore plus précisément prédit son propre décès à venir, indiquant qu’il aurait lieu quelque part pendant la croisade mondiale de Dix Ans dans laquelle le monde Bahá’í était sur le point de s’engager à Ridván 1953. Car il affirme dans ce message que le «Corps central»— une référence claire au Conseil international Bahá’í—devra «diriger» les «opérations largement ramifiées» de la croisade mondiale de Dix Ans et que cela mettra ce corps «en contact direct avec toutes les Assemblées nationales du monde Bahá’í. » Le Conseil international Bahá’í ne pourra évidemment assumer cette tâche que s’il devient un corps entièrement actif sous la présidence de Mason Remey, auquel temps, conformément à la claire intention de Shoghi Effendi, le secrétaire général du Conseil qu’il avait désigné dans son message du 8 mars 1952 (la Main de la Cause Leroy Ioas) et ses deux secrétaires auxiliaires, qu’il avait aussi spécifiquement désigné dans le même message (le docteur Hakim en tant que secrétaire pour traiter la correspondance avec les Assemblées spirituelles nationales de l’est et Ethel Revell en tant que secrétaire pour celles de l’ouest), devront traiter cette correspondance avec ces assemblées au nom du Conseil. 2 Shoghi Effendi avait aussi désigné Jessie Revell en tant que trésorier du Conseil mais je doute qu’elle eut jamais la permission par les Régisseurs de recevoir des fonds des Assemblées spirituelles nationales ou de débourser des fonds en cette capacité. Cependant, l’auteur de ces lignes sait que l’Assemblée spirituelle nationale des Bahá’ís de France pendant la période entre le décès de Shoghi Effendi en 1957 et sa dissolution illégale en 1960, sous l’ordre des Régisseurs, que cette assemblée ne reçu aucune requête pour contribuer à un fonds sous le contrôle du Conseil international Bahá’í.

Malheureusement et avec de fort graves conséquences pour la Foi, les Mains n’entreprirent même pas une simple revue des messages pourtant «historiques» et «faisant époque» que Shoghi Effendi avait envoyé durant les ultimes années de son ministère, avant de rendre leur hâtive et malencontreuse décision de faire cesser le gardiennat, basé sur une fausse interprétation des stipulations du Testament de `Abdu’l-Bahá, comme expliqué plus haut, et donc restèrent complètement oublieuses des implications importantes et significatives qu’elles auraient autrement perçu dans ces messages et possiblement conduit à leur reconnaissance du successeur de Shoghi Effendi. En conséquence, et dans leur cécité, elles ignorèrent le rôle que Shoghi Effendi avait clairement projeté pour le Conseil international Bahá’í, en tant que l’embryonnaire Maison universelle de justice, et désignèrent un superflu et illégitime corps forgé par elles, entièrement étranger aux stipulations du Testament de `Abdu’l-Bahá, composé de neuf Mains, auquel elles attribuèrent le prétentieux titre: «Régisseurs de la Foi mondiale Bahá’íe.» Ce corps contrefait alors usurpa sans vergogne aucune les fonctions que Shoghi Effendi avait clairement projeté pour le Conseil international Bahá’í, dans le message cité plus haut, et allèrent aussi loin que de subordonner cette «première institution internationale embryonnaire» et cette «institution naissante» à leur propre corps illicitement établi et indéniablement illégitime et superflu de Régisseurs.

Les Mains promeuvent de façon incroyable et sans vergogne aucune dans leur proclamation que ce corps de Régisseurs exercerait «toutes les fonctions, droits et pouvoirs en succession du gardiennat de la Foi Bahá’íe » («droits» qui, si cet étourdi axiome devait être pris au pied de la lettre, inclurait même l’interprétation des écrits saints Bahá’ís). De plus, dans une lettre datée du deux décembre 1957, adressée à toutes les Assemblées spirituelles nationales, elles demandèrent que ce corps soit spécifiquement reconnu par écrit comme «le corps suprême dans la Cause». Malgré cela, cette suprématie bien fausse et prétendument acquise ne devait être que de courte durée alors qu’on annonça qu’en moins de six ans il laisserait place à une Maison universelle de justice prématurément élue et tout aussi illégitime pour Ridván 1963 laquelle, sans le Gardien de la Foi y présidant en tant que son «chef sacré», et, bien que indéniablement nullement l’institution dépeinte par `Abdu’l-Bahá dans son Testament, les croyants étaient pourtant obligés de l’accepter comme un remplacement légitime pour l’ancien «corps suprême» illicitement formé de Régisseurs et obligés désormais de croire que ce corps issu d’élections truquées, s’affublant du titre de Maison universelle de justice, ne serait rien de moins, selon ce que celle-ci ose affirmer, que «cette institution suprême dont l’infaillibilité, le Testament du Maître nous l’assure, est divinement conférée.» Quelle illusion serait plus grande que cela? Lors de l’établissement illicite de cette soi-disant Maison universelle de justice à Ridván 1963, les Régisseurs envoyèrent une déclaration finale le sept juin 1963 affirmant que «par la présente, nous abandonnons toutes les fonctions, droits et pouvoirs qui nous furent dévolues par la déclaration du 25 novembre 1957. . . et nous déclarons que toutes ces fonctions, droits et pouvoirs reposent légitimement et en accord avec les écrits saints de la Foi Bahá’íe sur la Maison universelle de justice.» (Certes, un énoncé notablement prévaricateur comme l’observateur perspicace remarquera que, totalement incapables d’affirmer que le transfert de ces fonctions, droits et pouvoirs fut fait en accord avec le Testament de `Abdu’l-Bahá, les Régisseurs alléguèrent astucieusement pour camoufler bien maladroitement ce fait que ces fonctions, droits et pouvoirs reposeraient légitimement sur la Maison universelle de justice en accord avec les écrits de Bahá’u’lláh.) De plus, ce même oeil scrutateur notera que nulle exception n’est faite au transfert de ces fonctions, droits et pouvoirs, bien que ceux-ci ne furent jamais réellement possédés par les Régisseurs en premier lieu, comme le droit d’interpréter les écrits révélés, un droit qui, parmi bien d’autres, n’est indéniablement conféré qu’au Gardien de la Foi selon le Testament de `Abdu’l-Bahá.

L’éhontée corruption par les Mains de la Cause du divinement conçu «ordre administratif que la main de maître de son architecte accompli» avait façonné et que nous reçûmes en héritage comme «la charte du nouvel ordre mondial» et leur répudiation, en effet, des disposition majeures du divinement conçu Testament de `Abdu’l-Bahá que Shoghi Effendi avait acclamé comme le «plus grand legs fait à la postérité» de `Abdu’l-Bahá et «la plus brillante conception de Son esprit» étaient désormais complètes. Car dans leur incompréhensible et diabolique sottise, les Mains ont non seulement déclaré sans vergogne, en abandonnant le gardiennat, que les dispositions majeures de ce Document sacré et immortel seraient devenues nulles et non avenues, mais elles ont aussi répudié tout ce que Shoghi Effendi avait pourtant bien écrit concernant ce même Testament incluant sa divine genèse, son unique caractère, les relations entre ses institutions, sa révérence en tant que «l’Enfant du Covenant» de Bahá’u’lláh et son rôle en tant que la «Charte du nouvel ordre mondial.» C’était comme si Shoghi Effendi n’avait jamais existé, et en dépit de leur déclarée fidélité éternelle envers lui et leur honteuse traîtrise contre lui, les croyants, agenouillés de force, durent s’abaisser et supporter, comme valide et légitime substitut, une organisation faite de main d’homme, dépourvue de Gardien et entièrement corrompue dans laquelle les plus hautes institutions de l’ordre administratif, comme nous les légua et décrivit explicitement `Abdu’l-Bahá dans Son Testament, n’étaient plus de ce monde.

Jusqu’à présent, la vaste majorité des croyants, la plupart ayant embrassé la Foi subséquemment à ces fatidiques décisions prises par les Mains de la Cause il y a presque un demi-siècle, sont maintenus dans l’ignorance ou reçoivent une doctrine pervertie des faits tragiques entourant l’abandon du gardiennat et la corruption flagrante de l’ordre administratif Bahá’í par les Mains de la Cause suite au décès de Shoghi Effendi. Elle n’est pas encore au courant jusqu’à quel point on l’a écarté du Covenant de Bahá’u’lláh. Elle n’a pas réalisé non plus l’étendue de cette supercherie, et conséquemment souffrent désormais de ce leurre funeste que l’organisation Bahá’íe à laquelle elle a déclaré sa loyauté, dans laquelle le Gardien—le «centre de la Cause»— n’est plus qu’une chimère, une soi-disant Maison universelle de justice privée de son «chef sacré» a été prématurément et illicitement élue et l’institution des Mains de la Cause a été éliminée—les trois plus hautes institutions de l’administration Bahá’íe tel que le dépeint `Abdu’l-Bahá—cette organisation faite de main d’homme, illégitime et difforme pourrait, malgré cette inexcusable et flagrante corruption, le moindrement établir, dans toute sa splendeur et divinement conçue perfection, ce «nouvel ordre mondial destiné à embrasser, dans la plénitude des temps, l’humanité tout entière» qu’apporte Bahá’u’lláh et le royaume de Dieu promis et attendu depuis des siècles «sur la terre comme au ciel


Joel Bray Marangella
Gardien de la Foi Bahá’íe


Traduction anglais-français par Martin Lavallée



NOTES

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1. Comme Mason Remey le rapporte dans son journal, Observations quotidiennes, il vécu une illumination l’espace d’un instant quelque douze années précédant le décès de Shoghi Effendi où il se vit second Gardien de la Foi mais écarta alors cela de son esprit. Bien qu’il fut désigné président du Conseil international Bahá’í par Shoghi Effendi quelque sept années avant que ce dernier ne trépasse, comme le Conseil n’avait point été activé comme institution administrative fonctionnelle sous sa présidence pendant les ultimes années du riche ministère de Shoghi Effendi et qu’il, tout comme les autres Mains se dévouait corps et âme sous la direction de Shoghi Effendi en tant que représentants du Gardien lors d’activités internationales tenues à travers le globe en prélude à l’inauguration de la croisade mondiale de Dix Ans (en son propre cas, en servant comme le représentant de Shoghi Effendi à la conférence de New Delhi), il est possiblement dú à ce fait et l’inactivité contrastante du Conseil que l’importante signification et les implications de cette désignation en tant que président de cette institution moult années auparavant avaient été malencontreusement perdues de vue et n’avaient alors point été pleinement entendues par président Remey. Dans la proclamation que Shoghi Effendi envoya au monde Bahá’í le neuf janvier 1951 établissant le Conseil international Bahá’í, il identifia significativement ce corps en tant que la «première institution embryonnaire internationale», et souligna les moult étapes à travers lesquelles celle-ci se développera, culminant dans son efflorescence en Maison universelle de justice. Gardant à l’esprit l’énoncé de `Abdu’l-Bahá (à la page 313 de Foi mondiale Bahá’íe où; Il explique que «l’embryon possède dès le début toutes les perfections», d’évidence le Conseil international Bahá’í était, au moment même de sa création, un corps complet, et conséquemment, en fait, la véritable Maison universelle de justice quoique dans sa forme embryonnaire et Mason Remey, en tant que son embryonnaire chef inamovible, désigné par Shoghi Effendi, n’était indéniablement nul autre que le futur Gardien en devenir qui était destiné à accéder au gardiennat de la Foi lors de l’activation du Conseil international Bahá’í suivant le trépas de Shoghi Effendi. Sa désignation en tant que successeur de Shoghi Effendi en cette indirecte et inattendue manière n’avait point été prévue par Mason Remey, encore moins par les autres Mains de la Cause ou bien l’ensemble des croyants, comme le démontre le fait que les Mains cherchèrent vainement un quelconque testament qu’aurait laissé Shoghi Effendi, le tout premier jour de leur conclave à `Akká. Cela étant, Mason Remey ne pouvait alors pas encore présenter d’argument valables aux autres Mains pendant ce conclave prouvant son accession au gardiennat ou s’opposant à leur occulte décision de déclarer le gardiennat fini. Il voulu bien les accompagner sur cette voie heureusement sans issue dans le but de maintenir l’unité avec les autres Mains, surtout qu’elles se gardèrent de publiquement prononcer le gardiennat badah. Comme Mason Remey le fait remarquer dans son journal, il demanda aux Mains de reconsidérer cette hâtive décision lors du second conclave un an plus tard pour se faire rabrouer. Malgré ses éloquents plaidoyers pour le retour aux stipulations explicites du Testament de `Abdu’l-Bahá et à l’interprétation magistrale de La Dispensation de Bahá’u’lláh pendant les deux années où il resta à Haïfa en tant que l’un des neuf Régisseurs, les Mains firent la sourde oreille. Finalement, après avoir quitté Haïfa déçu en direction de l’Amérique, il achemina d’ardents appels aux Mains exposant de brillants arguments contre l’abandon du gardiennat. Hélas, tous ces valeureux efforts ne donnèrent guère de résultat. Devant l’insuccès de les tirer de leur grave erreur, et alors perçu l’indéniable lien entre sa présidence du Conseil international Bahá’í et le gardiennat, il écrivit sa proclamation en tant que second Gardien de la Foi et la fit parvenir à l’Assemblée spirituelle des Bahá’ís des États-Unis à Ridván 1960, anticipant que celle-ci la retransmette à son tour aux autres Assemblées spirituelles nationales à travers le monde. Comme cette Assemblée avait reçu un télégramme hautement dénonciateur des Régisseurs rejetant Mason Remey en tant que second Gardien de la Foi, l’Assemblée spirituelle des Bahá’ís des États-Unis non seulement repoussa Mason Remey, mais ne distribua jamais sa proclamation aux autres Assemblées tel qu’il le demanda, avec comme résultat que les croyants du monde entier furent tenus dans l’ignorance la plus complète des faits appuyant l’accession de Mason Remey au gardiennat alors que l’information subséquemment reçue fut, par de lâches adresses, criblée. L’unique exception à ce développement impliqua l’Assemblée spirituelle des Bahá’ís de France (le pays où Mason Remey, en tant qu’étudiant à Paris au tournant du siècle avait appris l’existence de la Foi de la part de May Ellis Maxwell et l’embrassa aussitôt). Heureusement, Mason Remey avait envoyé une copie de sa proclamation à cette Assemblée spirituelle nationale qui considéra avec soin la validité des arguments exprimés, réétudia et approfondit les messages pertinents et, suite à des prières et profonde consultation, déclara son accession au gardiennat capitalement valable. L’auteur de ces lignes, à cette époque président de cette Assemblée spirituelle nationale, peut en témoigner, et l’Assemblée l’accepta en tant que second Gardien de la Foi (un rapport détaillé écrit par son secrétaire est disponible à ceux intéressés).

2. Comme Shoghi Effendi avait désigné un secrétaire général du Conseil international Bahá’í et deux secrétaires auxiliaires (Lotfullah Hakim pour s’occuper de la correspondance avec les Assemblées spirituelles nationales de l’est et Ethel Revell pour celles de l’ouest), d’évidence Shoghi Effendi entendait que ces personnes devaient effectuer ces tâches secrétariales au nom du Conseil lorsqu’il sera devenu le corps suprême fonctionnant activement, comme il le prévoit dans son message du 23 novembre 1951 où le Conseil international devra diriger les activités de ses Assemblées spirituelles nationales subordonnées dans l’accomplissement des buts auxquels elles auront été assignées, quelque part sinon au départ, pendant la croisade mondiale de Dix Ans débutant à Ridván 1953. Bien que le Conseil international ne pouvait devenir corps actif aussi longtemps que Shoghi Effendi vivait, à moins que Shoghi Effendi destituait Mason Remey et assumait la présidence lui-même, Shoghi Effendi avait néanmoins assigné des tâches individuelles spécifiques à ses membres pendant son ministère (c’est pourquoi ils s’identifièrent correctement par la position au Conseil que Shoghi Effendi leur avait attribué). Par exemple, Mason Remey s’adressa deux fois au monde Bahá’í en s’identifiant comme président du Conseil, une des deux lettres étant consignée par Leroy Ioas en tant que son secrétaire général (publiées dans Bahá’í News), fournissant un compte-rendu complet des développements en Terre sainte. Bien sûr, Leroy Ioas et ses secrétaires auxiliaires écrivirent des lettres au nom de Shoghi Effendi, mais ne le firent jamais au nom du Conseil lui-même. Suite au trépas de Shoghi Effendi, les Mains ne permirent point au Conseil international Bahá’í d’exercer aucune des fonctions autres que celles, d’abord limitées, que Shoghi Effendi avait originellement assignées dans sa proclamation du neuf janvier 1951 et ces Mains osèrent même nommer d’autres Mains au Conseil. En conséquence, le Conseil a été non seulement nié de jouer son rôle actif légitime comme l’embryonnaire Maison universelle de justice sous la présidence de Mason Remey mais fut étrangement subordonné au corps illicite des neuf Régisseurs (un corps qui était lui à son tour entièrement dominé par Rúhiyyih Khánum, comme le pointe fort bien Mason Remey dans son journal).